Chapitre
4
Aldrick baillât et changea
inconfortablement de position sur sa selle. Il avait passé la plupart de la
nuit à se tourner dans son lit, revivant constamment la mystérieuse attaque sur
la route et la confrontation qui s’ensuivit avec l’étrange homme à la bure
grise. Même comme ça, ils quittèrent l’auberge tôt ce matin-là. Ils étaient sur
la route une grande partie de la journée. Il était maintenant convaincu qu’il
était plus à l’aise dans une bibliothèque qu’à cheval.
Ils eurent l’aubaine d’avoir une
autre magnifique journée de printemps. De moelleux nuages blancs flottaient paresseusement
au-dessus d’eux. Le voyage était plus aisé, puisque les rayons tièdes du soleil
continuèrent à briller, séchant la route.
A court de sommeil et distrait par
le souvenir du jour précédent, Aldrick avait du mal à apprécier le beau temps.
C’était un homme prudent de nature, peut-être même plus maintenant, après les évènements de la veille. Mais il n’arrivait pas rester attentif à la route. Au
moins, sa famille était saine et sauve, Grâce à l’Omni-Père.
Aussi préoccupé qu’il était,
Aldrick se rendit à peine compte qu’ils
gravirent une dernière montée et commencèrent à redescendre de l’autre côté,
arrivant en pleine vue de la grande Cité d’Akkadia. La Capitale d’Asturia
était de loin la plus grande ville du Pays, tant par sa taille que
par l’opulence de ses décors et ses bâtiments majestueux.
Ils pouvaient déjà voir les préparations
pour le prochain Tournoi du Roi, étendues devant la Cité, sur les champs en jachère.
A droite, des roturiers assemblaient des camps provisoires, pour eux-mêmes et
pour l’afflux des visiteurs que le Tournoi ferait venir.
Avec tant de monde arrivant de
toutes parts du pays, spécifiquement pour cette occasion, la plupart des
roturiers, ne pouvaient pas se permettre de payer, ou même trouver de logement
disponible dans l’enceinte des murs de la ville. Tous étaient bienvenus comme
spectateurs pour le Tournoi ; c’était après tout, le plus grand évènement
qui ait lieu en Asturia au cours des vingt derniers étés.
Cependant, le gite, les vivres, le
matériel et le divertissement, restaient la responsabilité de chaque individu.
En approchant les murs de la
ville, l’entrée d’Akkadia arriva en vue. La magnifique structure se dressait en
contraste des camps de fortune qui se construisaient autour d’elle. L’immense
arche de la porte massive avait été reconstruite, il y a quelques Étés par le
Roi Hermanus et avait été conçue pour inspirer l’admiration et intimider ceux
qui arrivaient dans la ville. Se dressant à plus de dix toises de haut,
l’imposante façade était recouverte de sculptures représentant les monarques et
autres personnages importants de l’Histoire. Les visages stoïques saluaient
solennellement ceux qui passaient sous l’immense arche pour pénétrer dans
l’enceinte de la Cite. L’ouvrage était impressionnant – Hermanus n’ayant
épargné aucunes dépenses pour le projet – toutefois, Aldrick trouvait cela
surfait et criard.
Par temps de paix, comme c’était
actuellement le cas, les immenses portes restaient ouvertes en permanence.
Néanmoins, Aldrick et sa famille passèrent sous la grande arche sous le regard
attentif d’une vingtaine de gardes bien armés. Les soldats se tenaient
nonchalamment et n’accostaient pas les passants, leur yeux, cependant,
scannaient continuellement la foule.
En entrant dans la grande court
qui s’étend au-delà des Portes, ils furent confrontes au joyau au cœur même du
projet de rénovation du feu souverain ; une statue massive du Roi
Hermannus lui-même.
« C’est qui,
Père ? » demanda Adrias.
« C’est nul autre que le Roi
Hermannus » répondit Aldrick en secouant la tête. « C’était un bon
Roi, et s’améliora beaucoup au cours de son Règne de vingt Étés. Mais comme tu
peux le voir par cette ostentatoire représentation de lui-même, il était un peu
pompeux.
« Hé là ! Je ne
souffrirai aucun commentaire dénigrant de feu mon père, le Grand Roi
Hermannus ! »
Aldrick se retourna et vit, son
ami d’enfance Brodan, le seul héritier du défunt Roi Hermannus, maintenant
Régent du Royaume d’Asturia. Sautant de
selle, Aldrick serra chaleureusement son vieil ami dans ses bras.
« Brodan, qu’il est bon de te
revoir. A nouveau je t’offre mes plus profondes condoléances. »
« J’apprécie beaucoup »
remercia Brodan en souriant. « Tu m’as manqué. »
« J’aurais aimé te rendre
visite plus tôt, mais voyager d’Ubarra à ici en plein hiver est notoirement difficile.
Cette saison était particulièrement rude. Heureusement, cela s’est suffisamment
améliorer pour que nous puissions assister au Tournoi.
« Ah ! Je vois que tu as
amené ta famille cette fois-ci, » dit Brodan un sourire en coin, en se
tournant vers Jelénna pour lui tendre la main. « Peu importe combien de
temps est passé, je ne pourrai jamais oublier l’angélique et radiante Jelénna.
Votre beauté ma chère, hante mes songes. »
Jelénna rougit, mais chassa d’un
geste sa flatterie et son aide à descendre de sa monture, comme s’il s’agissait
de taons importuns virevoltant autour d’elle. « Allons Brodan ! Vos
propos mielleux ne serviront qu’a rendre mon amour de mari jaloux. »
Aldrick pris sa femme par la
taille en disant « C’est Vrai. »
Brodan les ignora tous les deux et
adressa Adrias. « Et voila le jeune Adrias. Ca alors, comme tu as
grandi ! Je soupçonne que tu vas t’entrainer à l’épée avec ton père avant
longtemps. »
« Mon père a du se battre sur
le chemin en venant ici. On a été attaqués sur la route » débita-t-il tout
excité.
« Le sourire condescendant du
Régent s’évapora, « Attaqués sur la route d’Ubarra ? Que s’est-il
passé ? »
Aldrick hochait la tête
« Nous avons vraiment besoin de parler, mais pas ici. »
Le regard fixe sur la foule qui passait,
l’ombre d’un sourire lui effleurant le visage, il dit : « Qu’est-ce
que tu fais par ici de toutes façons ? Ca ne te ressemble pas de trainer
parmi le petit peuple. »
« Oui, et bien je… »
Balbutia-t-il. « Je suis descendu au marché pour faire quelques emplettes.
On ne trouve pas tout au Palais, après tout. »
Brodan se tut, puis lui fit un
grand clin d’œil. « En plus, tu me connais bien… j’aime garder le contact
avec le petit monde ! »
Aldrick le fixa, perplexe, mais
Brodan ignora son regard. « J’ai prévu un grand festin pour ton arrivée.
Allons au Palais, pour que vous puissiez faire un brin de toilette, et ensuite
nous écouterons le récit de votre aventure sur le chemin de Ubarra a Akkadia. »
Sans faire une pause, le Régent tourna sur ses talons et s’éloigna en marchant.
« Voila, qui était
abrupte » marmonna Jelénna. « Pas même un ` à tout a l’heure ’… ».
Aldrick acquiesça.
« Typiquement Brodan, on y va ? »
S’étirant après la longue chevauchée,
Aldrick s’empara de la longe de son cheval et mena son petit groupe au pas a la
suite du Régent, se faufilant a travers la foule en chemin vers le Palace.
Laissant leurs chevaux avec les
serviteurs du Palais, les trois gravirent les magnifiques marches de marbre qui
dominaient l’avant du Palace. Ici aussi, des bustes de Rois passes, tant les
légendaires que les infâmes bordaient les marches. Leurs yeux sculptes
semblaient suivre Aldrick du regard a mesures qu’ils montaient.
Brodant attendait au sommet des
marches. Il avait les bras croises et un air impatient au visage.
« Allez ! Vous trois
êtes aussi lent que des Paresseux du Gandahar. »
Brodan fit volte-face et déguerpit
dans le Palais, les laissant pantois sur les marches d’escalier.
Jelénna grimaça et dit :
« Honnêtement Aldrick, je n’ai jamais compris comment tu as pu te lier
d’amitié avec cet homme. »
« Oh, il n’est pas si
mal » souri Aldrick. « C’est un brave homme en dessous de son
extérieur contrariant, mais être élevé en tant que fils unique du Roi, te donne
une certaine… confiance en soi. »
« Arrogance, plutôt,
oui. » Pouffa Jelénna.
Arrivant au sommet des marches,
Aldrick changea de sujet. « Allons à l’intérieur. J’ai faim. »
Les gardes les firent entrer. Traversant
la Grande Entrée, ils trouvèrent à l’autre bout, un serviteur qui les attendait ;
quelqu’un dont Aldrick ne se souvenait que trop bien. Le vieil homme mince,
avait une face de faucon et un nez aristocratique qui soutenait une paire de
lunettes rondes de lecture.
Tirant une révérence marginale, le
serviteur annonça d’une voix hautaine, « Bienvenu Maitre Aldrick… et
famille, je suis la pour vous escorter a votre chambre où vous pourrez faire votre
toilette. Des que vous serez prêts, nous
prendrons le chemin de la salle a manger où notre illustre Régent attendra sans
doutes votre arrivée sans prendre haleine. »
Sans attendre de réponses, il se
retourna et s’en alla la tête haute.
Jelénna se pencha vers Aldrick et
chuchota : « Il n’a pas changé. »
Aldrick sourit « Jarvus
ne change jamais. Sois tu t’habitues à lui, sois non »
Pendant qu’ils
suivaient le serviteur vexant, Aldrick admirait les meubles élégants, les
tapisseries et les tableaux qui décoraient les halls du Palais. De les revoir
lui amena une vague agréable de nostalgie. La plupart des œuvres d’art et des
meubles étaient très anciens et au Palais depuis plusieurs siècles.
Aldrick avait
renoncé aux droits de noblesse avec lesquels il avait été élevé au Palais. Il
Choisit plutôt une vie simple, par le travail. Le travail était important et il
adorait sa vie avec Jelénna, mais il gardait, malgré tout une profonde
admiration pour l’Histoire riche du monde, particulièrement l’Histoire
d’Asturia.
Plusieurs
tapisseries dépeignaient de grandes scènes de Chevaliers sur leurs destriers
armures se confrontant lors de batailles épiques. D’autres montraient des évènements et des batailles de la Grande Guerre. Toutes étaient des
réminiscences des contes qu’il avait lu et aimer quand il n’était qu’un petit
garçon.
Aldrick
s’arrêta devant un tableau en particulier, alors qu’ils le passaient sur leur
chemin. La plus grande œuvre d’art, en taille, de tout le Palais. L’immense
Peinture était aussi très graphique, décrivant une bataille de la Grande Guerre
intensément violente et effroyable.
Aldrick était
émerveillé par le portrait détaillé du carnage, plutôt pas caractéristique du
reste des œuvres d’art du Palais. Sargon l’Anéantisseur –Infâme tyran de la
Grande Guerre- se tenait sur un petit promontoire près d’un grand temple de
pierre, cerne par les défenseurs Asturiens. Un feu irrépressible rageait à
l’intérieur et tout autour du Temple.
L’Anéantisseur
était vêtu d’un long vêtement couleur d’ébène et avait les bras tendus
dramatiquement. Un nimbus d’ombres rampantes jaillissaient de Sargon et
attaquaient les soldats, qui se tordaient à terre de douleur tout autour de
lui. Le Magicien, le regard menaçant semait le chaos parmi les défenseurs.
Aldrick en
avala sa salive. La scène horrifique dépeinte dans ce tableau lui était
toujours restée à l’esprit. À l’inverse du reste de l’art dans le Palace,
l’éclairage et le détail de cette pièce en particulier, était si incroyablement
vivide et réaliste qu’il avait l’impression d’être la bas en personne, sur
la colline, à regarder la bataille se dérouler. Il s’attendait presque à voir
Sargon tourner la tête à tout moment pour le fixer droit dans les yeux.
Jelénna
grimaça, « Je hais absolument ce tableau. »
« C’est
troublant en effet, mais j’ai toujours pensé que c’était une des œuvres les
plus stupéfiante de la Grande Guerre. »
« Certainement
la plus violente. » Jelénna ajouta.
Adrias regarda
le tableau avec de grands yeux ronds. « Qui c’est le monsieur qui fait
peur sur la colline, qui tue tous les soldats, Père ? »
« C’est
Sargon l’Anéantisseur dans sa dernière bataille près du Temple de l’Oracle, sur
le Mont Zagrias. Heureusement pour nous, la Grande Guerre et son invasion pris
fin ce jour la.
Jelénna se détourna
du Tableau avec un frisson, « J’ai entendu des histoires sur la bataille
au Mont Zagrias et la victoire sur Sargon, mais ici, il semble qu’il est en
train de gagner. »
Aldrick sourit,
se prenant plaisir à la moindre occasion de parler d’Histoire. « Et il
était sur le point de remporter une victoire définitive, si ce n’était pour une
simple et unique flèche, tirée d’un arc ordinaire, par Élias, l’archer
légendaire. Malgré toutes ses
préparations, abattant tous les Mages, Soldats et Nobles qui s’opposaient à
lui, ce fut la flèche toute simple d’Élias qui mit fin à son règne de terreur.
« Il est
mort, Père ? »
Aldrick grogna. « Je suis sur que oui, bien
que, selon la légende, son corps disparut immédiatement après sa chute. »
Un toussotement
forcé, derrière Aldrick, l’interrompit et ils se retournèrent tous pour voir
Jarvus qui gardait les yeux fixes au-delà d’eux, un regard exaspéré au visage.
Reniflant bruyamment il s’enquit : «Peut-être que Maitre Aldrick et sa…
famille, sont prêt à poursuivre ? »
Aldrick sourit
poliment, ignorant l’évidente impatience de l’homme étriqué. « Bien sûr Jarvus,
après vous. »
« Ô, Joie
de joies ! Ma journée est au complet. » Le serviteur se tourna
hautement et repris le chemin d’un pas glissant le long du hall. Aldrick
entoura les épaules de sa femme de son bras et ils suivirent dans son sillage.
Son père étant
un des conseiller du Roi Hermannus et de son prédécesseur, Aldrick grandit,
jouant dans ces couloirs avec ses amis d’enfance comme Brodan. Il a toujours
aimé les meubles anciens, les œuvres d’arts et les tapisseries. Par contre il
n’a jamais put retenir les plans du Palace et avait du mal à naviguer les
couloirs avec tous les tours et détours.
D’ailleurs, peu après quelques tours, virements et retours, Aldrick réalisa
qu’il était, une fois de plus, complètement perdu.
Ils arrivèrent à
la chambre qui leur était assignée et Jarvus les informa qu’il les
escorterait jusqu'à la salle à manger
`aussitôt qu’ils seraient prêts’, puis entreprit de tapoter impatiemment le sol
de la pointe du pied.
Entrant dans
leur chambre, Aldrick chuchota à l’oreille de Jelénna : «je crois qu’il a
voulu dire qu’il faut que nous nous dépêchions. »
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