samedi 4 mai 2013

Prologue - L'Emergence de l'Aneantisseur



L’Émergence de
L’Anéantisseur

Volume I

De la Série :
La Clef de la Création

De

M.D Bushnell & A.R. Voss

Traduit de l’Anglais
Par

Christian-Adam Ribeiraud














Ce livre est dédié à ma femme, Carrie, sans qui je ne serais pas moi.
A.R. Voss







 Je dédie ce livre à ma Mère Kathryn, à qui je dois tout ce que je suis. Son Amour et son soutien m’ont porté au travers des pires moments ; une dette que je ne pourrai jamais rembourser. Je ne peux le dire assez… Je t’aime Maman !
M.D. Bushnell












Prologue

Les rayons brillants du soleil  couchant projetaient de longues ombres  pénétrantes, sur les cimes enneigées des montagnes de Kalligros. L’obscurité se nichait parmi les tours et les toits coniques de l’immense cité qui s’étalait aux pieds de ces Béhémoths, géants de pierre assoupis. Recouverte par les grandissantes pointes élongées des ombres, il était difficile de dire où finissait la Grande Cité de Kishen et où commençait la chaine protectrice des montagnes.
Servant de Capitale à Illyria, Kishen était la frontière nord du monde connu. Personne, de mémoire d’homme, ne s’était aventuré au delà des imposants sommets enneigés du Nord ; ils étaient impassables. L’endroit et la hauteur de ces gigantesques, monolithiques gardiens nordiques, maintenaient le plus haut d’entre eux enfoui dans un hiver éternel.
Au sud de Kishen, se trouvait une vaste étendue de champs de prairie de toundra. De longues herbes, se balançaient en un va-et-vient incessant, en une danse ondulante menée par le vent froid et persistant qui hurlait le long de sa descente des sommets environnants. Il y avait un soupçon de Printemps dans l’air, mais ici, si loin au Nord, la poigne de fer de l’hiver serrait encore tenacement le pays.
L’après-midi tardif se fondit dans le soir alors que l’obscurité grandissante déplaçait lentement la lumière mourante du jour. Les plaines qui menaient à la Cité étaient silencieuses, excepté le sifflement du vent glacial du Nord et le cri solitaire de l’appel d’un oiseau.

Un soudain tonnerre de sabots le long de la route poussiéreuse qui menait jusqu'à la Cité, rompit la paix du soir naissant. Un petit groupe de cavaliers, leurs armures et équipement cliquetant au galop, ramenèrent leurs chevaux au pas à l’approche des portes massives de la ville.
Un cavalier se détacha du groupe et tendit au chef des gardiens de la porte de la ville, un parchemin plié, tandis que les autres stoppèrent leurs montures épuisées. La lumière faiblissant , le garde eut du mal à lire les ordres. Apparemment satisfait, il rendit le parchemin au cavalier en hochant la tête.
« Le rassemblement est dans le Grand Hall », dit le garde, leur faisant signe de passer.
Le chef des cavaliers, hocha simplement de la tête et replia le parchemin, le remettant dans une poche intérieure. Reprenant les rênes, il incita son cheval à passer la porte de la ville sans un mot, suivi de près par ses compagnons montés.
Le garde marcha péniblement jusqu'à sa petite loge de gardien en marmonnant une injure, tapant des pieds pour les réchauffer de l’air glacial de la nuit. Il s’immobilisa quand il aperçut un individu, grand et dégingandé, bondir hors du chemin des chevaux au trot. Reconnaissant le maladroit personnage, son ami Warren, il se précipita pour lui venir en aide.
« Tu es devenu fou ? Au nom de l’Omni-Père, qu’est-ce que tu fous ? »
Avec un sourire penaud, Warren accepta la main tendue. « Oui Dathan, tu me l’as déjà dis. Mais cette fois ci, ce n’était pas ma faute. Ces chevaux sont apparus de nulle part ! »
Warren se leva et brossa futilement la boue de son pantalon, et secoua la tête. « Honnêtement ! Pas de ma faute ! » 

Dathan pointa un doigt à Warren et dit en grondant d’un ton moqueur : « Si tu avais été piétiné par ces foutus chevaux, peu importerait de qui était la faute,  non ? »
            Le visage de Warren s’ouvrit d’un sourire en coin. « Je sais, je devrais faire plus attention. »
            Dathan soupira et grommela une injure. « Qu’est-ce que tu fous là de toutes façons ? »
            Warren se frotta les mains à sec et en vain, tentant de nettoyer la boue. « Je cherche Prince Garrick. Il devait se présenter au Grand Hall pour le rassemblement, mais il est en retard comme d’habitude. La mort prématurée du Roi Hermanus en Asturia et leur tournoi sur le point d’avoir lieu, ce rassemblement est particulièrement important. Le Roi Zabalan l’implora d’être prompt pour une fois, mais bien sur, Garrick a disparu et comme d’habitude je suis supposé le retrouver. Cette fois-ci je pense qu’il va y avoir des ennuis. »
            « J’arrive pas à m’imaginer Prince Garrick avec de réels ennuis », Dathan secoua la tête. « Et je pense qu’il s’en foutrait s’il en avait »
            « Je suis d’accord, mais je dois le retrouver quand même. Tu l’as vu ? »
            Dathan secoua la tête de nouveau. « Personne d’autre qu’un groupe de foutus nobles sont passés par ici. »
            L’arrivée de la relève de la garde interrompit leur conversation. Dathan parla brièvement avec l’un d’eux puis se tourna à nouveau vers Warren « Grace à l’Omni-Père, je peux enfin rentrer chez moi. Qu’est-ce que tu vas foutre ? »
Warren soupira. « Il semble que mon sort dans la vie, est de trainer derrière Garrick. Je ne suis pas certain qu’il le fasse exprès, mais il a l’air de vraiment prendre plaisir à me tourmenter. Je ne sais, je devrais peut-être retourner voir s’il est au rassemblement. »
« Bonne Chance mon pote maladroit » Dathan répliqua avec un sourire narquois.
Warren le salua de la main et retourna le long de la voie principale, vers le Grand Hall, situé dans le Quartier Royal. Il y avait encore un endroit de plus qu’il pouvait vérifier de ce coté de la ville. Puisque c’était sur son chemin du retour, Warren décida de faire une visite rapide au White Horse Inn.
Warren se serra dans sa cape plus étroitement contre le froid. De petits nuages de poussière tourbillonnaient autour de ses pieds alors que les ténèbres recouvraient lentement la Cité Montagnarde. Son estomac grommela, lui rappelant qu’il n’avait pas mangé depuis le petit-déjeuner. Avec un peu d’espoir, pensa Warren, Garrick serait déjà au Rassemblement. Il pourrait alors savourer son dîner et oublier cette fâcheuse affaire.
A mi-chemin, Warren entendit le bruit révélateur d’un autre groupe de cavaliers approchant la porte de la ville. Les armures et les armes cliquetaient en harmonie inhabituelle avec le hennissement de chevaux fatigués. Il trouvait bizarre, que des nobles continuaient d’arriver à une heure aussi tardive, mais avec des participants venant d’aussi loin qu’Asturia, ce n’était peut être pas si étrange après tout.
Un bruit étouffé venant de la direction de la porte de la ville, attira son attention, mais dans l’ombre lugubre et envahissante des Montagnes, il ne pouvait plus voir aussi loin. Il s’immobilisa pour écouter, mais la clameur ambiante de la ville, déguisa tout autre son de cette direction là.

Maudissant la distraction comme une perte de temps, il retourna à contrecœur à la recherche du Prince capricieux.
Warren continua, s’enfonçant dans l’obscurité qui s’épaississait. A l’approche de la nuit, les bâtiments de chaque coté de lui semblaient le dépasser en flottant comme des apparitions tapies. Le scintillement sporadique des lampes à huile et des torches étaient des yeux luisants, l’épiant de la pénombre, d’un regard libidineux. Malgré sa cape chaude, l’air froid nocturne le fit frissonner. Jetant nerveusement des regards furtifs autour de lui, il pressa le pas.
Approchant l’auberge du White Horse Inn, Warren fut inondé par une cacophonie de sons et de lumières vives émanant de l’établissement sordide. Prince Garrick était connu pour son habitude de fréquenter subrepticement ce local occasionnellement quand il était d’humeur pour « quelque chose d’un peu moins formel », comme le Prince aimait dire.
Prince Garrick était un grand homme musclé, et le fils du Roi ; c’était ces qualités qui faisaient de lui le favori des femmes. Ceci dit, le Prince avait peu de  devoirs ou de responsabilités discernables, hormis la soirée ou le gala occasionnel au Palais, qui requérait la présence de la Famille Royale.  Avec beaucoup de temps libre, il faisait souvent la fête avec une ou plusieurs des belles dames de la ville, quand il ne s’entrainait pas à l’épée. Parfois, sa compagne pouvait être de classe Noble et digne du fils unique du Roi, mais il n’était pas inhabituel de le trouver en compagnie de femme de moindre réputation. Le Prince prétendait que l’Amour ne connaissait pas les lignes de démarcation des classes, mais Warren n’était pas complètement clair sur sa définition de l’Amour.
S’arrêtant au beau milieu de la route, Warren considéra brièvement si une recherche au sein de l’auberge valait vraiment le coup. Le Prince n’était pas venu ici récemment mais avait fait quelques visites par le passé pour faire une pause des rigueurs de ne rien faire de toute la journée.

En soupirant, Warren décida de prendre le temps et avança malgré lui vers les clameurs, les lumières et le remue-ménage du White Horse Inn.
Warren était perdu dans ses pensées quand il entendit soudainement le tapage des bruits de sabots d’une chevauchée en provenance de la porte de la ville. Avec le cheval de tête pratiquement sur lui, il plongea au dernier moment, évitant de justesse d’être piétiné encore une fois. Roulant maladroitement sur lui-même, il se leva péniblement et ébahit, suivit des yeux le dernier des cavaliers, alors que celui-ci le passait dans un tonnerre de sabots. Son cœur battant, Warren ne vit que des ombres menaçantes et indistinctes de très grands hommes en armure lourde et ténébreuse. Les silhouettes menaçantes étaient encadrées par leurs armes plus sombres encore : de larges épées, des massues, et haches de guerre dépassaient des épaules ou étaient accrochées aux ceintures.
« Ca a été juste », Warren pensa tout haut. « Cette fois-ci ce n’était définitivement pas de ma faute, ces chevaux sont apparut de nulle part ! »
Une recherche rapide de l’auberge ne porta aucun fruit, comme il se l’était prédit. Se préparant à subir l’assaut de l’air froid de la nuit, Warren sortit de la pagaille de l’auberge turbulente et se retrouva à nouveau sur la route poussiéreuse. Ses mains enfoncées dans les poches et un air découragé  sur son visage, il donna un coup de pied dans une pierre sur la route, réfléchissant à ce qu’il pourrait bien faire ensuite.
Il ne pouvait pas prendre le temps de fouiller chaque auberge et taverne de la ville. Le Rassemblement serait terminé bien avant qu’il n’ait eu le temps de finir, et il n’y avait aucune garantie qu’il retrouverait ainsi Prince Garrick dans tous les cas. Il avait déjà cherché les divers endroits que le Prince avait pour habitude de hanter, sans succès. Mettre la main sur le Prince bien souvent, vous donnait l’impression  de serrer une poignée de sable dans sa main. Plus vous serrez et plus il se glissait simplement entre vos doigts.


Sans recours productif, Warren décida de retourner au Grand Hall dans l’espoir que Garrick soit finalement arrivé. Apres tout, le Prince semblait vraiment prendre plaisir à faire ce à quoi Warren s’attendait le moins.
« Je ne m’attends certainement pas à ce qu’il soit au Grand Hall, c’est donc là qu’il doit être! » dit il à l’air de la nuit avec un sourire et un petit rire optimiste. Cependant, dès que les mots sortirent de sa bouche, il savait aussitôt que c’était faux. Son sourire s’effaça lentement.
Warren arriva finalement au Grand Hall, s’attendant à trouver le tumulte des Nobles buvant et riant et la clameur des frivolités.  Au lieu de cela, il fut surprit d’entendre un tintamarre inhabituel.
En s’approchant, il pouvait clairement entendre des hommes crier, et les bruits sourds d’une intense bagarre. Se rapprochant de l’entrée, Warren vit les derniers soldats malabars, ceux qui avaient faillit le renverser peu de temps auparavant, entrer par les énormes portes de bois.
Un vent du nord glacial le cingla et tira sur sa cape, puis continua en balayant tout sur son passage pour enfin s’engouffrer dans le Grand Hall. Les flammes des torches accrochées aux appliques murales ornées, vacillèrent et crépitèrent sous la bourrasque obstinée. Il en résultat une danse folle des ombres qui masquaient et révélaient alternativement le carnage qui avait lieu au sein du Grand Hall.
Le Grand Hall, qui était jusque-là majestueux, était en pagaille, des bancs de bois étaient renversés, des choppes de bières étaient tombées à terre et le chaos le plus total régnait.
Les adeptes soldats en armure assenaient des coups de hache et d’épée aux Nobles terrifiés qui couraient en rond en criant et suppliant qu’on leur épargne la vie. Les brutes sauvages ne prêtèrent aucune attention aux Nobles et aux dirigeants Militaires, pendant qu’ils procédaient méthodiquement au hachage et découpage de ceux qui s’étaient rassemblés dans le Grand Hall.
 
Deux gardes arborant les couleurs de la ville étaient près de la porte, se battant désespérément pour protéger le Roi. Un immense homme vêtu d’une armure sombre et éclaboussée de sang, planta sa hache cruellement dans le dos de l’un d’eux. Le garde survivant fut brutalement décapité peu après, mettant ainsi une fin rapide à la bataille désespérée.
Le Roi Zabalan se tint figé sur place alors qu’une fontaine de sang se répandait le long de ses robes d’apparat. Son visage était un mélange d’effroi et de dégout. Avant même que le Roi ne puisse bouger, deux soldats ennemis, vêtus d’armures cabossées et ensanglantées, le restreignirent.
 Dehors, depuis sa cachette, Warren vit une silhouette émerger de l’ombre et s’approcher lentement du Roi. À la lueur erratique et vacillante des torches, l’homme recourbé, vêtu de ténèbres, semblait léviter vers le Roi. Warren, ébahi, vit ce qui semblait être une nuée d’ombres vivantes, tourbillonner autour de la silhouette. Les ombres ondulantes, aussi noires que la nuit la plus profonde, lui caressait le corps comme des serpents vaporeux.
Clignant et se frottant les yeux d’incrédulité, Warren observa l’homme courbé, engoncé dans sa bure d’ombres couleur d’ébène, se mettre face-à-face avec le Roi terrifié et couvert de sang. Il n’était pas suffisamment proche pour entendre ce qui se dit, mais d’après ce qu’il pouvait lire sur le visage du Roi, ca n’avait pas l’air d’être une conversation plaisante.
Après quelques instants d’une extrême tension, l’homme en noir fit un geste en direction du Roi et le nuage d’ombres sibyllines commença à s’étirer vers sa proie. Des vrilles obscures atteignirent le Roi et s’entortillèrent autour de lui, s’enroulant de plus en plus vite en serrant de plus en plus son corps jusqu'à ce qu’il soit complètement enveloppé.
  
Une fois que son corps fut entièrement recouvert, le cocon noir ralentit sa révolution jusqu'à ce qu’il s’arrêta et demeura suspendu flottant comme un nuage noir de tempête, dénué de vie. Graduellement,  des pointes d’ombres vivantes commencèrent à  s’étirer hors de la masse du nuage et retournèrent en flottant vers l’homme en noir pour coalescer autour de lui et le revêtir d’ombres une fois de plus.
En quelques instants, tout ce qui restait où le Roi Zabalan se tenait, n’était qu’une tache sombre et mouillée sur les pierres froides du sol. Un lourd silence s’abattit sur le Grand Hall alors que le dernier des Nobles tomba au sol avec une giclée de sang.
Warren se sentit mal à la vue du carnage, et inconsciemment trébucha de l’avant. Sans réfléchir, il tendit la main pour attraper une des massives portes de bois pour se soutenir. Avec son poids pesant sur la porte, celle-ci s’ouvrit légèrement vers l’intérieur en craquant, faisant ainsi grincer une des charnières bruyamment. Au soudain son de grincement, l’homme des ténèbres et ceux qui se trouvaient près de la porte firent volte-face, se tournant vers lui.
Warren se tint seul dans l’embrasure de la porte, son cœur battant dans sa poitrine. Il était désormais l’unique objet d’attention d’une salle pleine d’assassins. Figé un instant par la terreur, son regard tomba sur le visage du mystérieux meurtrier toujours vêtu de son habit d’ombres noires tourbillonnantes.
Illuminé uniquement à la lueur vacillante des torches qui crépitaient, le visage coléreux mais très familier qui le foudroyait du regard était celui du Roi Zabalan.





















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